Et bien c’est tout le contraire : le fait de *vivre* la levée du liège ‘in situ’, avec des guides passionnants et passionnés qui connaissent le sujet sur le bout des doigts, cela a clairement à tout jamais transformé la façon avec laquelle je vais regarder les bouchons.
Je salue au passage la brillante idée de Bourgogne Live qui a tourné des minis interviews dans le wifi-bus à l’aller pour recueillir nos commentaires et autres tags sur le bouchon de liège, et nous a invité à faire le même exercice au retour APRÈS la visite. Vraiment impatient de voir leurs vidéos et de constater comment les autres vinocampers ont vécu cette expérience et comment cela aura impacté leur rapport au liège.
Je ne vais pas vous faire ici un compte-rendu détaillé et technique de la levée du liège (je ne serais pas surpris que d’autres vinocampers s’y collent, et sinon vous trouverez des tas d’infos sur le site d’Amorim).
Pour ma part je veux juste essayer de vous transmettre les émotions que j’ai ressenties et comment mon rapport au bouchon aura désormais à tout jamais une dimension d’émotions, de tradition et de culture.
Ce n’est pas très original pour un français amateur de vin (peut-être même encore moins original pour un bourguignon), mais j’ai toujours tiré une partie significative de mon plaisir de la dégustation dans les sensations « non-organoleptiques ». Je m’explique : le plaisir que j’éprouve en dégustant laisse une part importante aux émotions que j’associe aux vins (connaissance personnelle du producteur, de son entourage, de ses vignes, de sa cave et aussi les personnes avec qui je partage ce moment). Je sais, pour bon nombre d’acharnés de la dégustation (la [quasi] totalité des vinocampers ? :)), ce genre de considérations est assez largement laissée de côté pendant les dégustations : c’est leur/votre boulot de rester focus sur le vin et ses qualités objectives !
Bon, OK, et c’est quoi le rapport avec la choucroute la levée du liège ??
Et bien ce qui m’a le plus marqué lors de cette visite c’est combien l’atmosphère très particulière de la levée du liège pouvait être chargée en émotions très proches de celles que l’on ressent quand on a tendance à associer des émotions personnelles au vin.
Comme si le fait de se retrouver dans cette ambiance avec un peu l’impression d’être sur une autre planète (du fait de la palette des oranges des troncs des chênes => voir les photos), de l’odeur du liège fraîchement levé (Sniff the cork! ^^), du bruit sec et rythmé des coups de haches entrecoupé de temps en temps par le bruit très caractéristique des grands morceaux d’écorce qu’on arrache des troncs, comme si tout cela devait marquer en profondeur l’amateur de vin.
À ces émotions « physiques » se sont ajoutées pour ma part les très fortes émotions associées à l’importance de l’histoire, de la culture, de la tradition, de la protection et au final du patrimoine que constitue le liège pour le Portugal. J’ai vraiment vibré en ressentant combien le liège pouvait être chargé aussi fortement de ces valeurs que le sont pour nous les vins de nos « terroirs » (histoire, culture, tradition, protection, patrimoine : ça vous parle pas un peu quand on évoque nos vins, nos AOC et nos région viticoles ? :)). Et bien au final j’ai ressenti les mêmes sentiments pour le liège que pour le vin, avec cette longue histoire pour le pays autour de la production du liège, cette protection du patrimoine (pour arracher un chêne il faut une autorisation, et s’engager à en replanter 2 ailleurs), cette transmission du savoir-faire artisanal de générations en générations (le travail des « leveurs » (?) de liège est certes harassant, mais très bien payé : ce savoir-faire unique ne s’apprend pas à l’école ! Comme vous pouvez le voir sur les photos, au moins 3 générations peuvent travailler ensemble sur le même chêne) etc.
C’est pourquoi au final, ce que je retiens avant tout de cette expérience que je recommande vraiment à tout amateur de vin, c’est qu’il y aura pour moi désormais une « charge émotionnelle » supplémentaire que j’associerais pour toujours au moment de l’ouverture d’une bonne bouteille de vin fermée d’un bouchon de liège.
Et sincèrement, si le prix à payer pour ressentir ce plaisir supplémentaire de l’ordre de l’émotion et de ces valeurs que je place au dessus des autres (tradition, patrimoine, valeurs humaines), si ce prix à payer est de tomber une fois de temps en temps sur une bouteille bouchonnée, sans hésitation je dis : deal!
L’ironie de tout ça, c’est que la prochaine fois que j’aurais une bouteille bouchonnée entre les mains, combien même il s’agirait d’un flacon unique et longuement attendu, je sais que j’aurais un sourire au coin de la bouche et une bouffée d’euphorie en repensant à la levée du liège, à ce magnifique Vinocamp au Portugal et à tous les amis avec qui j’ai partagé ce moment
Merci encore à l’APCOR et Amorim pour l’accueil et la passion avec laquelle vous êtes arrivé à nous faire vivre et ressentir tout ça en une journée !
Recent Comments