Après quelques semaines d’hibernation, voilà arrivé le temps des compte-rendus du Vinocamp Paris !
Cela tombe à point, la saison est riche en évènements. Nous sortons juste de la conférence Food is Social organisée par Kingcom à Paris qui reprenait des thématiques autour de la communication et de la gastronomie, laissant aussi une place au vin. Ce week-end se tient à Bordeaux la première conférence Vino Bravo qui va relancer le débat entre raisin et raison, discutant toutes les absurdités de notre monde. Pendant que la France palpite, que les thèmes du Wbis se préparent à Munich et que mûrit le Vinocamp Lausanne - voici quelques mots pris sur le vif après chaque session. Tous vos commentaires sont les bienvenus : que vous ayez été participants, ou que vous souhaitiez simplement donner votre avis éclairé ;).
Le Vinocamp se réunissait le 21 septembre dernier à Paris en l’honneur de la Fête de la Gastronomie. Il célébrait son 3ème anniversaire et compte à ce jour 14 éditions dans toute la France et au Portugal. C’était aussi la seconde collaboration avec Vin & Société, qui nous a aidé à construire l’évènement avec un soutien non mesuré. Sur place, 150 professionnels et passionnés du secteur du vin et de la gastronomie ont discuté de la place du vin dans la gastronomie, sur les nouveaux médias et dans notre société en générale. Où en sont les différents outils de communication ? Quel est le futur du vin en ligne et auprès des jeunes consommateurs ? Au programme : belles bouteilles, mets goûtus et une sacrée envie de faire bouger notre monde.
Les Photos officielles du Vinocamp Paris par Armand Borlant
Ci-dessous les comptes-rendus tirés tout droit des vidéos, et dans lesquels j’ai rajouté quelques grains de sel.
L’agencement classic dans les restaurants est souvent par couleur de vin, région, prix. On trouve rarement un descriptif ou un accord met et vin pour vous conseiller au milieu de la masse. Trop de choix, incohérences, il y a un problème, comment mieux faire ? Comment éduquer les chefs de rangs et serveurs ?
Le vin du mois est non seulement une bonne opportunité pour le restaurateur et le vigneron mais il permet aussi de porter le focus sur une appellation et une histoire. Une bonne idée de certains restaurateurs est d’en profiter pour mettre une photo du vigneron et un descriptif.
Les applications mobiles avec des détails sur les vins peut arriver en soutien mais le problème est que son utilisation reste chronophage et que l’utilisation du téléphone à table n’est pas la meilleure façon de préserver un moment de convivialité. Chez Monvinic à Barcelone, Wine by One à Paris par exemple, on remarque l’apparition de tablette pour aider le consommateur. Plus simplement, le 110 de Taillevent à Paris par exemple, propose pour chaque plat ses meilleurs accords. Enfin, un système qui marche bien, comme chez Elvis à Bordeaux, est le buffet de vin qui permet de gouter les vins avant de les commander : succès assuré.
Le vigneron de son côté peut aider en optimisant sa contre-étiquette et en évangélisant ses meilleurs clients.
Les nouvelles technologies ont donc encore une grande marge de progression pour aider les restaurateurs et au final servir le consommateur.
Les discussions concluent qu’il y a un intérêt à avoir un bloc note mobile ou web mais qu’il ne cible que le consommateur passionné de vin. On rassemble beaucoup de réseaux sociaux dans le vin mais aucun d’entre eux n’a pris le leadership. Le consommateur peine à les utiliser car il manque entre autres de confiance dans les entreprises qui sont derrières et qui pourraient, par exemple et comme souvent, être amenées à disparaître.
Un autre problème est aussi la connaissance du consommateur de ces réseaux, qui ont souvent du mal à faire remarquer leur présence. Enfin, la difficulté d’utilisation peut aussi être un frein, les règles d’utilisation sont souvent compliquées et ne marche pas hors connexion (une avancée, de Delectable notamment). Enfin il y a encore et toujours les timides, qui n’osent pas s’exprimer sur un sujet qu’ils ne connaissent pas assez. On en revient toujours aux même conclusions, il faut décomplexer le monde du vin.
Solutions proposées :
Pourquoi est-ce qu’un blogueur va parler d’une marque ? Parce qu’il a passé un bon moment qui a animé sa passion, qu’il a fait de belles rencontres et qu’il va partager ça avec son lectorat avec préférablement toujours en tête : quel est mon lectorat et qu’est-ce qui va les intéresser ?
Le groupe a réfléchit sur la relation du blogueur à la marque, une relation qui ne rentre toujours dans aucun modèle économique. Cette thématique échauffe d’ailleurs tellement les débats, qu’aucune conférence sur la communication et la gastronomie n’y manque, toujours avec les même conclusions. Cette fois-ci on réfléchit sur la différence entre un critique reconnu et une subjectivité qui est émise par un blogueur lambda. Puis est-ce qu’on fait la différence entre un cadeau, une invitation au restaurant, une contrepartie financière ? Pourquoi ?
Une remarque qui pose question également, le groupe du Vinocamp évoque que dans la blogosphère vin et celle de la food, la différence de traitement entre un blogueur et un journaliste est à proscrire aujourd’hui, les choses ont évoluées. Lors de la conférence Food is Social, on raconte l’inverse. De mon côté, je crois que tant que la personne invitée est considérée comme une personne et non un outil, qu’il y a une relation donnant/donnant, que l’on sait qui l’ont invite et qu’on prend en considération ses besoins, journaliste ou blogueur, tout ira bien. Mélanger les blogueurs et les journalistes ensuite, cela dépend de chacun, il faut ménager les égos ;).
Donc, il est important que la marque cible ses blogueurs, un travail de qualification qui prend du temps et évitera leur sur-sollicitation. Certains blogueurs influents avec 500 mails par jour, ne peuvent plus gérer les demandes.
Quel conseils donner à une marque ? Faire de la veille, bien connaître les blogueurs que l’on va solliciter, avoir lu leur contenu : ce qui apparemment n’est pas toujours le cas, et créer de vrais liens pour créer de l’authenticité autour du discours de la marque.
De plus en plus de communautés naissent sur Instagram. Le groupe, accompagné de Seb Gordon (manager de la communauté Igers Paris) a pris l’exemple des Igers (Instagramers) qui sont des communautés dont l’unité de base est la localité : Igers Reims, Igers Gironde, Igers Paris.
Les communautés organisent des instameets qui permettent aux instagramers de se réunir pour améliorer leurs pratiques (photos montage, comment devenir plus pro).
Les Instawalks ont vocation touristique et peuvent être utilisés pour rencontrer les marques.
Rencontrer les instagramers les plus reconnus ou les managers de communauté est un bon début pour avancer et faire grandir son réseau sur Instagram. Définissez un style de rencontre avec les communautés et enfin choisissez un hashtag pour pouvoir suivre les conversations. L’exemple de l’exposition photo de Glass is Life a été cité comme modèle.
Qu’est-ce qu’un guide ? L’expression d’une expertise, d’une doctrine ? Est-ce que Trip Advisor ou le Fooding issus de communauté peuvent aussi être assimilés à des guides ? C’est la que la caution de l’expert rentre en jeu. Sur les sites communautaires, la légitimité semble être un problème, l’expert tout seul commence à ennuyer. La meilleure solution discutée est donc la complémentarité avec un expert comme Le Michelin par exemple ou avis de consommateurs et avis de l’expert se confrontent. Les guides dans le vin s’adaptent petit à petit… affaire à suivre ?
Le futur est aux synergies entre vin, hôtellerie-restaurant et à la personnalisation du conseil.
Dans un contexte où les ventes de smartphone ont augmenter de 40%, la question se pose de l’accès à l’information, quel support est le plus adéquat ? Pour et contre des applications mobiles vs website mobile :
Les applications mobiles : téléchargement rapide, accessibilité, une localisation via le système GPS et plus de facilité pour les pop pus. Par contre, pour mettre à jour les contenus cela prend plus de temps, il y a une étape d’approbation et il faut un système séparé pour chaque système d’optimisation.
Sites web mobiles : il est plus facile de mettre à jour l’info, de les adapter aux différents supports mais il faut par contre un signal Internet et la localisation via le téléphone est moins bien intégrée. Ce qui en ressort c’est que les supports web mobile sont mieux pour les vignerons car ils permettent facilement l’accès de l’information, une meilleure mise à jour des données et tout cela à moindre coûts.
Après le rapport Reynaud et la pétition Touche Pas à Mon Vigneron, la filière s’interroge. Au moment du Vinocamp, Paris Match a été sanctionné. Il est écrit noir sur blanc que tout article, publication sur le vin peut être associé à de la publicité.
Le débat pointe l’urgence de faire en sorte que le vin soit considéré différemment des autres alcool : d’un point de vue de la culture et du patrimoine. Est-ce qu’aujourd’hui la dernière violence visuelle c’est de montrer un vigneron avec un verre de vin ?
Il est urgent de donner une part de vin au vin, de préserver Internet et les réseaux sociaux et surtout de redéfinir cette loi Evin en dissociant ce qui est de la publicité et de ce qui est du rédactionnel.
Pour défendre la liberté d’expression, suivra après le Vinocamp l’action de Vin & Société : cequivavraimentsaoulerlesfrançais.fr.
Trois points importants :
La transmission, un écart en France entre les habitudes générationnelles, il est l’heure de transmettre le gout du vin et celui d’associer le vin à la cuisine.
L’aspect éducatif : simplifier les accords mets et vins pour éviter la surenchère avec les appellations déjà difficile à comprendre surtout quand on se retrouve chez le caviste ou en supermarché. Il y a un rôle des cavistes, vignerons, journalistes, blogueurs food & wine pour aider le consommateur dans cette démarche.
L’importance des échanges entre la blogosphère food et la blogosphère vin a été rappelé puisque chacun a son expertise. Accord mets et vins ? Par le vigneron ou par un spécialiste de la cuisine ? Est-ce que le vigneron est finalement le mieux placé pour en parler ? Une des questions abordées tous ensemble.
Sur la démocratisation et la dédramatisation du vin. Aujoud’hui sur la table, deux univers distincts avec des règles propres. Les blogueurs food nourrissent aujourd’hui des complexes vis-à-vis du vin tout en trouvant normal de partager son expérience. Cela soulève encore une fois la question de la légitimité : qui est légitime pour parler du vin ? Si nous pouvons tous proposer une recette, pourquoi pas un avis sur le vin ? La discussion est peu à peu arrivée aux accords mets et vins et les règles de bases qu’il est nécessaire de connaître. En même temps, est-ce réellement de connaître les règles pour qu’un accord soit possible… et nous conduise au plaisir ?
Enfin, le groupe a évoqué le #Jargon du vin, un monde qui a ses propres mots. Peut-être que la blogosphère food a son rôle à jouer dans la démocratisation du vin en parlant de plaisir et d’expérience. Deux mondes qui s’apprivoisent et on certainement beaucoup de choses encore à faire ensemble. La suite à la conférence Food is Social… où l’on voit que finalement, si certains blogueurs food voudrait savoir parler du vin, certains autres ne sont loin d’être captivés par le jus de la vigne ;).
De la recette au vin, du vin à la recette – comment les nouvelles technologies peuvent apporter leur solution ? En dématérialisant les étapes de la dégustation, elles peuvent aider au côté pédagogique pour ensuite aider le consommateur dans le réel.
En France, culturellement on est différent des Etats-Unis, notamment en ce qui concerne l’empleur que prennent les levées de fond (Vivino dans le secteur du vin, a récemment levé 10 millions d’euros). La base étant le pitch à l’investisseur qui pêche chez nous et pourra en premier lier mener aux levées nécessaire pour innover. Manque-t-on d’ambition ?
Les sites de vente de vin en ligne on été évoqués comme faisant partie de l’innovation majeure de ses dernières années. Cependant l’innovation va plus loin : dans le traitement de la donnée pour répondre aux besoins des vignerons et des consommateurs. La discussion s’est bien sûr finie par une note positive sur le futur de l’innovation dans le vin en France.
Pour commencer, quand on fait une vidéo, est-ce qu’on la fait soit même ou par un professionnel. Deux écoles :
Autant de choses auxquelles il faut penser pour être sûr d’apporter de la valeur à une cible potentielle.
L’exemple de la famille Tarlant en Champagne montre qu’avec peu de moyens et beaucoup d’idées on peut arriver à marquer les esprits avec des choses très simples. De la neige, de la musique, une belle bouteille de Champagne ou encore un sablage de Champagne avec un ipad. La porte à la créativité de chacun est ouverte !
La discussion s’est aussi étendue sur le référencement naturel des vidéos, fort grâce aux balises méta et aux mots clefs.
D’un point de vue technique, bientôt il sera possible d’acheter du vin en regardant la vidéo, grâce à des liens intégrer à la vidéo. Des stratégies de communication auquel il faut déjà commencer à réfléchir.
Comment présenter le vin auprès des jeunes ? Doit-on le vulgariser ou garder ce qu’il est dans le rite de passage à l’âge adulte ? On parle de « sanctuarisation du vin ». Cette remarque est revenue lors de la conférence Food is Social qui a souligé que simplifier n’est pas vulgariser, on peut simplifier de manière intelligente. Arnaud Daphy a évoqué une étude récente qui classe les préférences des jeunes #1 Bière #2 Vin #3 spiritueux. D’autre par l’étude souligne que le rosé n’est pas un vin de fille et enfin on note une préférence nette pour les vins sucrés. Sur Marmiton ils ont essayé de faire différentes opération autour du vin, soldé par des succès relatifs. Les utilisateurs de Marmiton semblent perdus face à la diversité des appellations et suivent la recommandation des pairs plus que les outils en ligne pour choisir leur vin. Les bouteilles en grande surface souffrent d’un manque de conseiller, les nouvelles technologies apportent peu à peu un support pour pallier à ce manque.
Enfin, Jérôme Seillier note que les fonctionnalités sociales sont importantes sur toutes les innovations, mais ne doivent pas écraser ce que le numérique peut apporter par ailleurs comme autre fonctionnalité, comme l’enregistrement des contenus par exemple. Le web sémantique n’est pas social mais est très intéressant en terme de food. Dans le cas de Wecook, le menu planning permet de rentrer son âge et son sexe et propose un menu par la semaine : s’il est possible de partager son menu, ce n’est pas le coeur de l’outil.
Merci à vous tous et rendez-vous à Lausanne !
Recent Comments