Exporté à plus de 98%, le cognac a une renommée internationale. Derrière cette appellation française, plus de 4500 viticulteurs travaillent au quotidien sur 75 000 hectares de vignoble. Leur passion et savoir-faire sont au service de l’élaboration d’une eau-de-vie de qualité destinée à devenir du cognac. L’appellation Cognac est une filière engagée depuis de nombreuses années sur les questions de développement durable.
Soucieuse de prendre en considération la préservation de son environnement et d’assurer un développement économique pérenne, la filière Cognac déploie un dispositif innovant d’accompagnement de ses viticulteurs vers une certification environnementale et le partage des bonnes pratiques. Nous nous sommes intéressés à sa mise en place lors du Vinocamp Bordeaux.
Rendez-vous avec Laëtitia Four, responsable du pôle développement durable au BNIC (Bureau National Interprofessionnel du Cognac)
Le cognac est une eau-de-vie de raisin, qu’en est-il de la protection de l’environnement dans la conduite de la vigne ?
Cela fait déjà très longtemps que nous agissons sur la protection de l’environnement et sur les bonnes pratiques viticoles dans le vignoble. Dès 2005, nous avions d’ailleurs réalisé un «Guide de la viticulture raisonnée en Charentes. Ce guide a été remis à jour en 2012 et intitulé « Guide de la viticulture durable ».
Pourquoi ne pas parler d’agriculture biologique ?
Le bio dans le vignoble représente 600 hectares de vignes sur 75 000, permettant à des marques de proposer des cognacs bio aux consommateurs.
Une grande majorité des viticulteurs utilisent d’ailleurs des techniques éprouvées depuis longtemps par les bios comme les travaux d’entretiens des sols. Nous allons vers de meilleures techniques.
Pour aller plus loin, nous étudions les choses dans leur globalité et nous travaillons sur une solution de long terme avec la création de cépages résistants au mildiou et l’oïdium en partenariat avec l’Inra (Institut national de la recherche agronomique). La contrainte étant de garder la même qualité d’eau de vie. Cela fait déjà 10 ans que nous travaillons sur ces thèmes, nous sommes à une vision à 15/20 ans.
Comment engager les viticulteurs dans des pratiques durables ?
Le but est d’engager un maximum de viticulteurs dans une démarche de certification environnementale. Tout d’abord ils s’engagent à se former, puis à réaliser un auto-diagnostic de leurs pratiques, et enfin à enclencher une démarche de progrès continu.
Le viticulteur commence donc d’abord par participer à une formation collective en petits groupes de 10. Chacun est derrière un ordinateur pour faire un diagnostic d’exploitation, surtout sur des critères réglementaires et des exigences spécifiques de la filière Cognac, cela permet l’échange de pratiques entre eux. À l’issue de cette formation un rapport de conformité est édité, qui mène enfin à un outil de planification avec les étapes à mettre en œuvre. Depuis Vinitech en novembre 2016, il y a déjà 650 viticulteurs qui ont pu faire cette journée. Nous sommes très satisfaits de ce résultat qui démontre une réelle volonté des viticulteurs et de la filière de valoriser leurs pratiques.
Comment les viticulteurs réagissent à ces formations ?
Les viticulteurs se retrouvent en petit groupe, ce qui permet de réels échanges techniques entre eux. Ils et repartent satisfaits, avec un état des lieux précis de leur exploitation et des actions à mener.
Et ensuite ?
Ensuite c’est tout un travail d’accompagnement pour arriver à la certification environnementale. Cette phase est en construction, certains n’ont pas besoin d’être accompagnés, d’autres auront besoin d’être suivis à un niveau individuel ou collectif. Le référentiel de certification (tous les critères auxquels il faut répondre) va bientôt être publié.
Cette démarche a été co-construite grâce aux familles du négoce et de la viticulture, en partenariat avec les chambres d’agriculture de Charente et Charente-Maritime et l’institut français de la vigne et du vin, c’est une démarche qui fait consensus.
Elle s’articule autour des 6 enjeux qui décrivent la viticulture durable :
Avez-vous prévu de communiquer cette démarche au grand public ?
Nous souhaitons faire savoir au grand public et aux médias que le vignoble cognaçais est bien avancé sur le sujet de la protection de l’environnement, et que de bonnes pratiques existent déjà et doivent être plus connues et partagées.
Notre communication est surtout destinée aux viticulteurs, qui doivent être informés et encouragés dans leur démarche d’investissement et de progrès. Nous savons que ce sont eux qui sont les plus à même de convaincre leurs pairs, et d’accentuer la dynamique. Les viticulteurs engagés sont vraiment nos ambassadeurs.
Quels outils de communication utilisez-vous ?
Nous avons créé un nouveau menu dans notre extranet avec une application pour le diagnostic et une base technique et réglementaire mise à jour toutes les semaines à disposition de chaque ressortissant du BNIC.
Notre communication comprendra un site Internet dédié pour le grand public et une campagne digitale. On compte ouvrir la communauté des viticulteurs engagés, pour qu’eux-mêmes soient relais auprès des viticulteurs plus réfractaires, sur le même modèle que l’animation de communautés dans le digital.
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